Cette ligne fût créée par la Compagnie des Chemins de Fer du Midi suite à la concession faite par l’Etat le 23 Avril 1874. Cette concession était elle-même issue de la convention de 1868 dans laquelle l’Etat accordait à la Compagnie du midi plusieurs lignes dont Bédarieux-Mazamet. Cette ligne de 270 Km au départ de Montauban passe par Villemur (embranchement avec la ligne locale pour Toulouse) St Sulpice du Tarn (croisement avec la ligne de Toulouse à Paris via Capdenac) - La Crémade, croisement de la ligne Castelnaudary à Castres. Castres, Mazamet, St Pons, Olargues, Lamalou-les-bains, Bédarieux (bifurcation vers Neussargues) Faugères (bifurcation vers Béziers) Montbazin, Gigean (bifurcation sur Balaruc et Sète), Montpellier.
De 78 Km plus courte que la ligne via Toulouse et Narbonne, cette ligne fût réalisée en plusieurs tronçons, et 23 ans furent nécessaires pour l’achever. Le premier maillon, La Crémade (Castelnaudary)- Castres fût inauguré le 15 avril 1865.
Ensuite, petit à petit vint la mise en service des autres parties :
· le 23 Avril 1866 Castres - Mazamet,
· le 20 Septembre 1858 Béziers - Bédarieux,
· le 28 Décembre 1858 Bédarieux - Graissessac.
· Le tronçon St Pons - Bédarieux (37 Km) via Olargues et Lamalou fût le dernier à être mis en service, il fût inauguré le 10 novembre 1889.
De nombreux problèmes techniques vinrent s’ajouter à la difficulté naturelle du parcours, dont en particulier les grandes crues, celle du fleuve Hérault en Octobre 1868, et du Jaur et de l’Orb en 1875. Par ailleurs, dans le secteur entre Labastide-Rouairoux et Bédarieux, le nombre et l’importance des ouvrages d’art ne simplifièrent pas la tâche des constructeurs. Par exemple, le tunnel de la Fenille et ses 766m de longueur à 470 m d’altitude, le viaduc de Bédarieux nécessitant 37 arches et 2 tunnels, et 10 autres tunnels, soit en tout 2068 m. Il fallait construire aussi le viaduc d’Hérépian de 60 m, le Pont Carels de 5 arches à Lamalou-les-Bains et les viaducs de type Eiffel d’Olargues (131 m et 3 travées pour celui en sortie de la gare, et celui de Julio un peu moins important). Pendant la construction, de nombreux paysans vinrent sur les chantiers seconder les ouvriers, cela leur a permis pendant quelques années d’améliorer nettement leurs revenus en pratiquant deux métiers.
La convention de 1868 indiquait l’instauration d’une voiture directe Lamalou-Paris attelée à l’omnibus, d’où le nom ronflant d’Express Paris-Lamalou-Les-Bains. Il y avait deux locomotives avec leur tender, un wagon de marchandise, 4 voitures de voyageurs dont une Lamalou-Paris, plus grande et plus confortable, et deux ou trois wagons de marchandises pour terminer. Plus tard, à la grande époque du thermalisme avant la guerre de 39-45, un véritable rapide Lamalou-Paris faisait le trajet en 12 heures et ne s’arrêtait pas aux petites gares. Il passait par Mazamet, Castres, St Sulpice du Tarn, Capdenac, Limoges, Paris Gare d’Orsay.
Dans la deuxième moitié du 19ème siècle, avec l’apparition du chemin de fer, une guerre économique s’était engagée entre les différentes compagnies qui se battaient pour un tronçon, un secteur, une limite. Pour nous, ce fût principalement l’intérêt économique qui prévalut dans cette guerre du rail, qui dans notre midi allait de mèche avec la guerre du vin et opposait le PLM à l’est, le PO à l’ouest et le MIDI au centre pour transporter le vin sur Paris.
C’est le 10 juillet 1972 que le transport des voyageurs fût arrêté sur cette ligne entre Bédarieux et Mazamet, et en 1987 c’est l’arrêt définitif. Un train touristique essayera de faire revivre la partie de la ligne de Bédarieux à Mons-la-Trivalle pendant quelques années, grâce à une équipe de bénévoles, mais les années passant, la gestion de cette petite ligne devint difficile, et elle est désormais arrêtée.
C’est sur ce tracé, entre Bédarieux et Mazamet, que les Départements de l’Hérault et du Tarn imaginèrent l’actuelle Voie Verte « PASSA PAIS ». A travers le Parc Naturel Régional du Haut-Languedoc, la palette des paysages qui s’étirent le long de ses tunnels et ponts, de la Montage Noire aux Vallées du Jaur et de l’Orb, invite à la découverte d’une nature préservée et d’un patrimoine culturel et économique mis en valeur par les communes traversées par ce chemin de liberté.