De formation ancienne et complexe, les roches du Haut-Languedoc constituent un beau champ d’investigation pour les chercheurs. Leur longue épopée géologique s’inscrit notamment dans l’histoire de la « chaine Hercynienne », cette immense chaine de montagne qui, entre -330 et -300 millions d’années, soudera entre eux les différents continents du globe pour former le super continent de la Pangée, bien au-delà du Haut-Languedoc et du Massif Central !
Des régions naturellement distinctes
Au delà de leur appartenance commune à la grande histoire hercynienne, les Monts de Lacaune, l’Espinouse et le Caroux, et les Avant-Monts constituent trois régions naturelles distinctes.
-Les Monts de Lacaune
Des crêtes de calcaire et de grès dominent les dépressions de schistes : ces roches sédimentaires d’origines marines (entre -540 et -410 millions d’années) sont disposées en plis assez simples séparés par des failles. Vers l’Est, au nord de Camplong, le granit du Mendic (-600 millions d’années) témoigne, avec les schistes plus anciens qui le traverse, d’une histoire ayant commencé avant même l’ère primaire.
-L’Espinouse et le Caroux
C’est le domaine des roches métamorphiques, c’est-à-dire profondément transformées lorsqu’elles ont été entrainées en profondeur lors des plissements hercyniens. Anciennes roches sédimentaires, pour l’essentiel d’âge primaire, micaschistes et gneiss sont les plus courants. Les gneiss à gros « yeux » de feldspath des Gorges d’Héric sont par contre un ancien granit déformé. Un granit plus jeune (vers -300 millions d’années) traverse ses roches métamorphiques.
-Les Avants-Monts
Sous une végétation méditerranéenne, les roches sédimentaires de l’ère primaire (entre -540 et -330 millions d’années, Cambrien à Carbonifère inférieur), schistes, grés et calcaire, contiennent parfois des fossiles marins, dont de célèbres faunes de trilobites. Leur disposition est complexe : elles ont été déplacées d’au moins plusieurs dizaines de kilomètre (nappes de charriage) et souvent complètement retournées et mise à l’envers, les roches les plus anciennes coiffant maintenant les plus jeunes. Certaines, comme les marbres de St-Pons-de-Thomières commencent à subir le métamorphisme.
Des failles, grandes cassures de l’écorce terrestre, séparent ces différentes régions :
- La faille des Aires qui parcourt le sillon du Jaur et de l’Orb, entre Avants-Monts et Espinouse
- La faille de Plaisance : qui limite au sud le bassin houiller de Graissesac. Ce dernier se prolonge vers l’Est vers le bassin permien de Lodève.
Les roches continentales de ces 2 bassins ont été arrachées par l’érosion aux reliefs de la chaine hercynienne à la fin de l’ère primaire. Les dépôts ultérieurs des ères secondaire et tertiaire (Causse du Minervois) viendront recouvrir les roches de l’ère primaire, avant que l’érosion ne les remette à jour et façonne le relief actuel.
Les nappes de charriage
Dès les premières études, les Avants-Monts ont posé problème aux géologues. Les précurseurs récoltèrent des faunes trilobites, mais bien vite, les comparaisons avec d’autres régions se révélèrent impossibles, les espèces les plus anciennes apparaissaient après les plus jeunes !
Ce genre de situation se retrouve dans bien des chaines de montagnes, dont les roches ont subi de très forts plissements et se sont déplacés sur des dizaines, voire des centaines de kilomètres. On parle alors de « nappes de charriage », sorte d’exagération dans les terrains sédimentaires, de très grands plis couchés, séparés par de failles assez plates.
Ainsi au Nord de Saint-Chinian, la route vers Saint-Pons-de-Thomières, traverse des roches de plus en plus anciennes. Les schistes et les grès de l’Ordovicien sont dominés par des quartzites puis par des calcaires du Cambrien plus ancien. Après le pont du Poussarou, ces derniers forment un petit causse, dans lequel est creusée la célèbre grotte de Camprafaud.
Ainsi dans les Avants-Monts, schistes, grès et calcaires de l’ère primaire sont très souvent à l’envers et empilés en plusieurs nappes de charriage.
Cela se traduit parfois spectaculairement dans le paysage, le Pic de Vissou, près de Cabrières dans le Clermontais, est considéré comme un paquet ayant glissé du front de la nappe de charriage en mouvement en bordure d’une fosse marine.
Promenade Géologique dans les Gorges d’Héric
Ce lieu de promenade et d’escalade est régulièrement visité par les géologues, car en longeant pas à pas le ruisseau d’Héric, on peut observer facilement des roches anciennes du Caroux. Il s’agit là de roches métamorphiques, roches formées par la transformation d’autres roches, le « métamorphisme ».
On pénètre ainsi dans ce qui appartenait aux parties profondes de la chaine hercynienne, où les roches étaient soumises à des pressions et des températures élevées.
Un peu avant l’entrée des Gorges proprement dites, remarquez des roches aux feuillets luisant de micas, de micaschistes. Puis on traverse des roches plus massives, creusées en marmites de géants par l’érosion du ruisseau. Il s’agit la de gneiss, dont le plus remarquable présente de gros cristaux blancs de feldspath de forme amygdalaires, appelée « gneiss oeillé ». L’âge de cet ancien granit reste controversé : -600 millions d’années, -440 millions d’années ? Quoiqu’il en soit, vers -340 à -320 millions d’années, ces gros cristaux rectangulaires ont été « écrasés ». Cette déformation a été accompagnée par les cristallisations des minéraux, sans que la roche ne soit fondue ;
Plus avant dans les Gorges, les gneiss présentent souvent des traces plus blanches qui correspondent au début de la fusion.
Le granit lui-même est bien visible en remontant les Gorges au-delà du hameau d’Héric, pour atteindre le col de l’Ourtigas.
Centre Cebenna
Fiche n°1 "Un peu de Géologie"
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