Pour ce qui est des calamités survenues dans l’histoire d’Olargues, le 18e siècle fut plus que chargé.
L’historien Olarguais Georges Lauze nous relate les faits : « En 1723 a lieu une grande inondation qui ravage la terre d’Olargues, emporte les ponts les plus pratiqués et comble la plupart des chemins, de sorte que tout commerce avec les étrangers est interrompu. Le premier jour, il tombe une pluie si prodigieuse que tout le vallon est inondé. Des torrents descendent des montagnes avec une telle rapidité que des bois entiers sont entraînés, les champs, les jardins, les prés et plusieurs bestiaux noyés.
Le ruisseau de Cesso, enflé d'environ 30 pieds de hauteur et chargé d'arbres, emporte deux ponts, l’un étant sur le chemin de la montagne au bas-Languedoc, et l'autre sur celui de Saint-Pons. On supplie l'évêque d'accorder protection à la communauté et de lui procurer les moyens pour réparer, car celle-ci est ruinée. Catastrophe manifeste d'autant plus que, durant les hivers précédents, les oliviers ont subi des dommages irréparables dont ils ne se sont jamais vraiment remis.
La grêle fait des ravages considérables en 1731-32-34, le gel en 1731 et en 1741. Des inondations catastrophiques ont lieu en 1735. En 1741, les 6 et 8 octobre, des inondations emportent deux ponts, l’un sur le chemin d’Olargues à Béziers (pont de Carayet) et l'autre sur ceux d’Olargues à Bédarieux et Pézénas (pont de Turiès). Les moulins sur le Jaur sont très abimés et les terres, jardins, vignes... ruinés. Le 26 septembre 1756, un orage dévaste tout. Les inondations de 1758 sont terribles et le 10 décembre, le commerce est interrompu par suite de l'inondation qui endommage le pont d’Hérépian. En 1759, le Pont-Neuf d’Olargues (pont de las Pialhes) s'écroule.
Le conseil politique, assemblé le 7 octobre 1761, demande la reconstruction et prie le Sieur Nicolas Feuilles, premier consul, et le Sieur Moustelon, notaire, de se rendre au plus tôt à Saint-Chinian pour supplier Monseigneur l’Évêque de Saint-Pons d'exposer la demande lors de la prochaine assemblée des états de cette province, et lui dire que la communauté ne cessera de faire des vœux au ciel pour la conservation de sa grandeur en prospérité et en santé. C'est dire que toutes ces catastrophes ont des conséquences sur les récoltes mais aussi accentuent l'isolement d’Olargues .
Au-delà des informations recueillies par Georges Lauze, force est de constater que ce 18e siècle fut très rude sur le plan climatique. Beaucoup d’historiens ont démontré que ces catastrophes ayant perturbé l’alimentation normale des populations françaises, cela a certainement favorisé la révolution de 1789.
Sur le secteur Orb-Jaur, au cours de ce siècle, il a été noté :
- des hivers extrêmement froids en 1714, 1728, 1741, 1748, 1752, 1755, 1758, 1761, 1773, 1776, 1785, 1787, 1788, 1789 ;
- des inondations en 1716, 1719, 1723, 1726, 1731, 1741, 1742, 1744, 1745, 1746, 1756, 1759, 1760, 1779 ;
sans compter les hivers à neige : en 1763, il neige de Noël à l’Épiphanie, une quantité jamais connue de mémoire d’homme, il y a 1 mètre de neige dans la région d’Hérépian. En 1779 et 1790, les loups pullulent dans la campagne. Plusieurs habitants les ont d’ailleurs rencontrés et sont passés de vie à trépas.
Jean-Claude Branville